Les cisterciens établissaient leurs abbayes dans des lieux qui évoquaient le désert, ne symbolisant en aucune façon l’ostentation et la domination d’où le choix de vallées.
L’essentiel est la présence de cours d’eau, indispensable à l’activité du monastère. L’eau est utilisée pour l’agriculture, la cuisine, l’hygiène ainsi que pour faire tourner les moulins et actionner les martinets des forges. De plus, le poisson est l’une des bases de l’alimentation des moines et la Règle leur commande de produire tout ce dont la communauté a besoin.
Le choix de l’Epau correspond bien aux caractéristiques cisterciennes : situé à 3,5 km de la ville médiévale qui est juchée sur un éperon rocheux, l’abbaye est implantée dans la vallée de l’Huisne et est adossée aux bois de Changé.
Le nom du site est tiré de palus signifiant marais, illustrant l’état des lieux au XIIème siècle. À partir de ce site ingrat, les moines doivent défricher et drainer pour que, comme le dit la Règle « le monastère soit construit de telle façon que tout le nécessaire, à savoir l’eau, le moulin, le jardin, soit à l’intérieur du monastère et que s’y exercent les différents métiers ». Ils étaient en capacité, jusqu’à la Révolution française, de vivre en autarcie grâce aux fruits tirés de l’exploitation agricole de l’abbaye.
Le Département de la Sarthe a l’ambition de redonner sa mission vivrière au site en transformant le vaste parc enclos de murs en jardin cultivé. Afin de bien l’ancrer dans le XXIème siècle, le jardin sera développé selon le système permaculturel qui respecte et utilise les écosystèmes naturels et permet de développer une culture intensive sans éléments artificiels et extérieurs.
La première pierre du jardin sera un verger conservatoire d’une centaine d’arbres fruitiers plantés en mars 2017 et greffés, pour partie ultérieurement avec le partenariat de l’association sarthoise des Croqueurs de pommes.
Petit à petit, le jardin reprendra ses droits entre les allées qui seront redessinées. Les visiteurs seront invités à découvrir ce système d’exploitation lors de différents rendez-vous et à goûter ultérieurement les productions dans la nouvelle cafétéria et à la boutique de l’Abbaye Royale.
Désormais, des rendez-vous nature seront au calendrier du site pour découvrir la biodiversité du jardin qui compte plus d’un millier d’arbres.