Histoire de l'abbaye

L’Abbaye Royale de l’Epau est une propriété appartenant au Département de la Sarthe. Ce bâtiment est classé au titre des Monuments Historiques en 1973.
Abbaye de l'Epau vue du ciel

L'Epau en quelques mots...

L’Abbaye Royale de l’Epau constitue l’un des plus beaux exemples de l’architecture cistercienne en France.

En 1229, Bérengère de Navarre, veuve de Richard Cœur de Lion, décide de fonder l’abbaye où elle sera enterrée un an plus tard.

À la Révolution, l’abbaye, presque désertée par les moines depuis le XVIIIème siècle, est vendue comme bien national à un industriel. Elle traverse difficilement le XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle voit se succéder de multiples activités au sein des bâtiments mal entretenus.

En 1959, le Département de la Sarthe s’en porte acquéreur et décide alors de sa restauration qui dure depuis près de 50 ans. Le parti pris est de restituer l’abbaye dans son aspect originel du XIIIème siècle. C’est dans le même temps que le Département de la Sarthe lui donne une vocation culturelle.

 

Bérengère de Navarre

Bérengère de Navarre, fille du roi de Navarre, est née en 1170 dans les Pyrénées. En 1191, elle épouse Richard Cœur de Lion et devient par cette alliance reine d’Angleterre mais aussi reine de Chypre, duchesse de Normandie et comtesse de l’Anjou et du Maine. En 1199, Richard, alors parti guerroyer en Haute-Vienne, reçoit une flèche dans l’oeil et meurt. 

Le frère de Richard, Jean sans terre, refuse de donner à la Reine Bérengère les terres qui lui sont dues. Par concours de circonstance et d’alliance, elle reçoit finalement la terre de l’Espal et en prend possession en 1204. Elle souhaite construire une abbaye afin d’y accueillir son corps à sa mort. En 1229, elle lance la construction de l’abbaye de la Piété-Dieu, connue sous le nom d’abbaye de l’Epau et meurt un an après.

Elle souhaite que le monastère de l’Epau accueille l’ordre des cisterciens, ces moines que son père avait protégés avant elle. L’architecture associée à cet ordre monacal n’a qu’un maître mot : la sobriété des lieux. Ce monastère, issu de sa volonté, est fondé en 1230 et voit arriver les premiers moines, à l’Espal, début 1230, avec à leur tête l’abbé Jean.

La construction va s'étendre de 1230 à 1365. En 1234, l'évêque du Mans Geoffroy de Laval effectue la dédicace du bâtiment monastique en le mettant sous le patronage à la fois de Notre-Dame et de Saint Jean-Baptiste. Les bâtiments principaux ne sont terminés qu'en 1280. L’abbaye est alors presque achevée.

La Guerre de 100 ans

En mars 1365, en pleine guerre de Cent Ans, les Manceaux qui ont peur que l’abbaye ne serve de base arrière aux anglais la brûlent. L’abbatiale va être largement détruite. 
Pourtant, dès 1366, on décide de reconstruire les parties endommagées, mais les donations manquant, cela durera plus de 40 ans. Le principal artisan est Guillaume de Bonneville.

Malgré des travaux d’agrandissement faits aux XVIème et XVIIIème siècles (aile droite et logis de l’abbé), à la veille de la Révolution, il n’y a plus beaucoup de moines qui vivent et prient à l’Epau. L’abbaye est vendue comme bien national à la Révolution et transformée en ferme. Elle sombre pour un siècle dans l’endormissement.

Après la Révolution...

Le site fut d’abord acquis par Pierre Thoré le 15 juin 1791. Il y aménagea au rez-de–chaussée une blanchisserie de toile. Pièces de chanvre et de lins lavés baignant dans des cuves sont installées dans l’ancienne sacristie et la salle capitulaire éventrées pour l’occasion. Pierre Thoré est maire éphémère du Mans en 1794. Son fils Charles lui succède en 1830. Il abandonne alors la blanchisserie de toiles en 1835 pour convertir le site en exploitation agricole. Il perfectionne le système d’irrigation des prairies commencé par les moines en creusant 5,5 km de canaux qui achemineront l’eau sur 64 ha. 

Si les prairies font l’objet d’un soin attentif, ce n’est pas le cas des bâtiments. L’abbatiale est transformée en grange, la chapelle Saint-Sébastien en atelier de menuiserie. La famille Thoré reste propriétaire du site jusqu’en 1924, date à laquelle l’ensemble du mobilier le garnissant est vendu, les arbres abattus et les terres morcelées. 

Le noyau entouré de mur est alors racheté par M. Guerrier le 30 octobre 1924. Pour préserver l’unité immobilière et foncière de l’ensemble monacal, le Ministère des Beaux Arts de l’époque classe par décret l’église, la sacristie et la salle des moines. 

Des travaux de restauration de l’abbatiale et de sa couverture commencent en 1938 mais sont interrompus par la guerre. Les troupes allemandes prient alors les propriétaires de quitter les lieux en 1943. L’occupant s’installe partout. L’abbatiale devient le garage des camions, la salle capitulaire l’atelier de vidange. 

La famille Guerrier, toujours propriétaire, vend l’ensemble de ses biens au sortir de la guerre à l’Institut des Orphelins d’Auteuil au début de l’année 1947. Elle désire y installer un centre d’apprentissage et de vacances. Parallèlement, les travaux de restauration reprennent à partir de 1946. L’institution des Orphelins d’Auteuil bridée par les divers classements ne peut ni moderniser, ni construire. 

L'association se résoud donc à le vendre au Département de la Sarthe le 1er janvier 1959. Une phase de restauration intensive des bâtiments commence. Parallèlement, un classement général de l’édifice est prononcé en 1961 et les travaux se poursuivent. Ce n’est qu’en 1971 que l’abbaye redevient utilisable. Plusieurs affectations sont envisagées dont l’installation d’un musée.

Le projet d’affectation du lieu connaît un revirement inattendu en devenant alors le lieu de réunion de l’Assemblée départementale pour palier la menace de l’effondrement de la salle plénière qui l’accueille jusque-là à la Préfecture.